Histoire de l'Église

On ne connaît l'histoire des chrétiens du premier siècle que par les Actes des Apôtres et certaines épîtres de Paul, textes produits par les premières communautés chrétiennes.

Dans l’Ancien Testament, le mot hébreu qahal auquel correspond « église » désigne le peuple de Dieu rassemblé dans le désert après l’Exode.

Dans le Nouveau Testament, « église » désigne le nouvel Israël. Jésus à dit à Simon Pierre: «Pierre, tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Église », Mt 16 18.

L'Église, est déjà représentée au jour de la Pentecôte, aux alentours de l’an 30, par un petit groupe d’hommes et de femmes qui ont connu Jésus et ont été les témoins de sa passion et de sa résurrection.

Dans ce groupe, les douze apôtres sous la conduite de Pierre jouent un rôle particulier pour s'acquitter de la triple mission dont ils ont été investis pas le Christ : témoigner de la résurrection, agréger, baptiser ceux qui croient à leur parole et gouverner la communauté.

Les premiers « chrétiens » sont des Juifs qui ont reconnu en Jésus le Messie annoncé par les prophètes. Dans la Palestine du premier siècle, les chrétiens se heurtent à l’hostilité des grands prêtres, jaloux de leur autorité et des sadducéens résolument conservateurs. (Actes, IV)

Rapidement deux tendances apparaissent dans la communauté chrétienne.
- D'une part le « parti des hébreux » groupé autour de Jacques, un cousin du Christ, reste attaché aux observances juives.
- D'autre part, un « parti des hellénistes » également composé de juifs, mais qui parlent le grec fait preuve de plus de détachement vis-à-vis de la communauté juive.

Le parti des hébreux est influent à Jérusalem. Le parti des hellénistes recrute aussi bien en Palestine que dans la Diaspora. Ses grandes figures sont Étienne et Barnabé. Les hellénistes sont expulsés de Jérusalem vers l'an 37, après le martyre d' Étienne et, dès lors, le christianisme se répand en dehors de la Judée et de la Galilée, et tout d'abord à Antioche.

Ce n'est qu'au bout de vingt ans que l'Église s'échappe du milieu juif et cette nouvelle orientation tient beaucoup à l'influence de Paul de Tarse, un juif de la Diaspora, de culture grecque, dans la mouvance des pharisiens. Paul qui avait participé aux persécutions des premiers chrétiens (Actes 7, 55 ; 8, 3) s'était fait baptiser après une apparition du Christ sur le chemin de Damas.

Les Actes des apôtres décrivent en effet trois persécutions successives : la première a surtout touché les hellénistes. La troisième, qui est sûrement de l’année 43 ou 44. entraîne le martyre de Jacques, le frère de l’évangéliste Jean, et l’arrestation de Pierre.

En 49, les débats parfois violents qui opposent Paul et Barnabé d'une part et des « personnages venus de Judée » à propos des rapports avec les païens et de l'obligation faite aux païens convertis de se faire circoncire[Actes 15, 1-2], et atteste ainsi l’existence de deux communautés, l’une « judéo-chrétienne », l’autre « pagano-chrétienne »[Lettre aux Galates, I2, 11-14]. Les pagano-chrétiens sont également appelés « gentils ».

En 49, un « concile », rassemblé à Jérusalem tranche en faveur de Paul : « L'Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas vous imposer d'autres charges que celles-ci qui sont indispensables : vous abstenir des viandes immolées aux idoles, du sang, des chairs étouffées et des unions illégitimes. Vous ferez bien de vous en garder ». À ce concile, Pierre chef des apôtres apparaît aussi comme le chef de la jeune église, aux côtés de Jacques doté lui aussi d'un statut spécial, celui de « chef des anciens »[Actes 15, 6-35].

Paul effectue de nombreux voyages missionnaires à travers le bassin méditerranéen. Ils convertissent aussi bien des juifs que des païens. En 45, le premier voyage, en compagnie de Barnabé, conduit Paul en Pamphylie et en Lycaonie. En 50, au cours d'un deuxième voyage avec Luc, il fonde des communautés à Philippes, Athènes et Corinthe. Au cours de son troisième voyage débuté en 53, il s'arrête trois ans à Éphèse.[Actes, 13, 43 ; 14, 1 ; 13, 48 et l'ensemble des Épîtres de Paul]

En 64, la persécution de Néron aboutit à la mise à mort de Pierre[Le martyr de Pierre n'est pas mentionné dans les Actes des apôtres, mais fait partie d'une tradition chrétienne ultérieure, notamment Eusèbe de Césarée] et à l'emprisonnement de Paul qui meurt martyr en 67. En 69-70 se déroule en Palestine une guerre d'indépendance menée par le parti des Zélotes qui se termine par la chute de Jérusalem. On peut imaginer comme le fait Jean Daniélou, que dans les communautés de la diaspora, l’attitude de Paul, visant à désolidariser les chrétiens des juifs, devait apparaître comme une trahison.

Les premières communautés chrétiennes


Si les Actes des apôtres rendent compte d'un développement de l'Église d'où les polémiques et les règlements de compte ne sont pas absents, ils véhiculent aussi l'image de communautés chrétiennes où se pratiquent largement le partage et l'entraide :

« […] Tous les fidèles vivaient unis, et ils mettaient tout en commun. Ils vendaient leurs terres et leurs biens et ils en partageaient le prix entre tous d'après les besoins de chacun. D'un seul cœur, ils fréquentaient quotidiennement le temple. C'est à la maison qu'ils rompaient le pain et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur[…] »[Actes 2, 42-47]

« […] Personne n'appelait sien ce qu'il possédait : ils mettaient tout en commun… il n'y avait pas d'indigents parmi eux ; ceux qui possédaient de terres ou des maisons les vendaient et venaient en déposer le prix aux pieds des apôtres ; puis on le distribuait selon les besoins de chacun […] »[Actes, 4, 32-37]

Le rite d’initiation est le baptême, qui confère le don de l’Esprit[Actes 2, 38-41 ; 8, 12-13 ; 10, 47-48 etc.] et qui tire son origine du baptême de pénitence de Jean-Baptiste[Actes, 1,5 ; 10, 37, etc.]. Le baptême est donné au nom du Père, du Fils et de l’Esprit et comporte une profession de foi. À l’aube du dimanche, après la veillée du samedi soir, les chrétiens se réunissent pour célébrer l’eucharistie[Actes, 2, 42].

La prédication chrétienne s'articule autour de trois éléments principaux:

- D'abord, le témoignage rendu par les Apôtres des événements dont ils avaient été les témoins oculaires, où dont ils étaient les dépositaires par la révélation : la passion, la résurrection et l’ascension de Jésus.

- Ensuite, le témoignage du milieu familial de Jésus en ce qui concerne la conception virginale et la Nativité.

- Enfin, la mémoire qu'avaient des disciples de l'enseignement du Christ.

En outre, des collections de textes de l’Ancien Testament, destinés à montrer dans le Christ la réalisation des prophéties, sont rassemblées. Après une période de tradition orale, des textes sont écrits, qui constituent le Nouveau Testament.

Les « Évangiles » contiennent des éléments de la vie et de l'enseignement de Jésus. Le plus ancien est celui de Marc, qui date des années 60, représente la catéchèse de Pierre à Rome alors que l’Évangile de Matthieu s’adresse particulièrement aux Juifs et celui de Luc aux Grecs. Le dernier Évangile, celui qu'on attribue à Jean est plus tardif et représente une tradition originale très primitive.

Pour les catholiques, c'est le Christ qui a initié la structuration hiérarchique de l'église en choisissant les Apôtres et en donnant à Pierre une place privilégiée. La reconnaissance de certains personnages qui n'étaient pas des disciples du Christ, comme Barnabé, Tite ou Timothée marque l'apparition de l'épiscopat avec une continuation authentique dans l'apostolat, l'enseignement, la sanctification et le gouvernement. Si les douze apôtres ont le privilège d'avoir été la seule source de révélation, Paul est reconnu comme l'égal des douze à la suite d'une initiative divine.

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